De nombreux théoriciens de l’impérialiste français avaient misé sur la transition entre l’esclavage et le travail libre pour garantir la continuité de l’exploitation des richesses de l’Afrique noire. Seulement, face à l’échec de cette transition, qu’on ne tarda pas du reste à imputer à la paresse légendaire des Africains, la réglementation du travail devint un enjeu politique et économique important en AOF. Ainsi, usant de ses prérogatives de puissance publique, le pouvoir colonial n’hésita pas de mettre en place un système dérogatoire de réglementation de la main d’œuvre locale. Cette stratégie orchestrée sur la base de préjugés a eu comme principale conséquence la coexistence de deux régimes juridiques du travail indigène antagonistes : le régime du travail libre et celui du travail forcé dont la survivance après 1946 témoigne de toute la difficulté de la manœuvre de «tropicalisation», dans une perspective à la fois «civilisatrice» et capitaliste, du droit social métropolitain en AOF.
Droit social – travail forcé – main-d’œuvre – indigène – mise en valeur – AOF.